lundi, juillet 24, 2006

Guerre permanente

Depuis plus d’une semaine, Israël mène une guerre contre l’état du Liban, et non pas contre la milice chiite du Hezbollah comme les institutions israéliennes le disent.

Je ne peux que condamner ces frappes aveugles, le problème c'est qu'Israël n'est pas dans une logique d'apaisement, mais dans une logique de punition ( tu me perces un oeil, je te crible de balle et te réduit en bouilli). C'est une position purement colonialiste. Il faut arrêter de croire qu'Israël veut la paix, c'est faux ils sont dans une perspective de guerre permanente, avec une vision unilatérale de ce que devraient être les rapports dans cette région.

Voilà un texte de Michel Warschawski (israélien anticolonialiste), pour montrer que même au sein de la communauté israélienne, il y a quand même des personnes qui voit clair dans le jeu d’un gouvernement et d’une population qui sont à la botte de Tsahal.


Un texte de michel Warschawski (israélien anticolonialiste)

Initiative 100% israélienne

Les bombardements quotidiens israéliens à Gaza sont la cause de la guerre

C’est une guerre globale de recolonisation

Suite à une opération militaire menée de main de maître par l’organisation libanaise de résistance nationale Hezbollah, et la capture de deux prisonniers de guerre, l’armée israélienne a bombardé la capitale libanaise et de nombreux autres sites au sud du Liban. A l’heure où sont écrites ces lignes, le gouvernement israélien est en train de discuter de l’opportunité d’envahir le territoire libanais pour une opération de longue durée. Certes, les souvenirs du fiasco sanglant qu’avait signifiée l’invasion du Liban en 1982-1985 sont encore vivants dans la mémoire des généraux israéliens qui, à l’époque, n’étaient encore que des officiers subalternes, mais l’humiliation ressentie à la suite de l’opération du Hezbollah est si forte et la volonté de vengeance à ce point ancrée dans leurs têtes obtuses, que l’éventualité d’une telle invasion n’est pas à exclure.

Comme l’indiquait le Cheikh Nasrallah, dirigeant du Hezbollah, la date de l’attaque de la patrouille israélienne n’avait pas été programmée a l’avance, et c’est un concours de circonstances favorables mais imprévues qui l’a provoqué. Pourtant, il ne faisait pas de doute que le Hezbollah ne pouvait rester longtemps les mains croisées, alors que depuis des mois, l’armée israélienne massacre la population de Gaza.

Le centre de gravité du conflit israélo-arabe va vraisemblablement bouger dans les semaines a venir, de Gaza vers le Liban. Mais ne nous trompons pas : il s’agit d’une seule et même campagne, dont l’initiative est 100% israélienne, dans le cadre de ce qu’ils appellent eux-mêmes, à la suite de leur maître et seigneur de la Maison Blanche, « une guerre permanente et préventive contre le terrorisme ».

Il est donc important de remettre les choses à leur place, et les événements dans leur ordre chronologique: ce n’est pas l’opération militaire menée il y a trois semaines par un commando palestinien et l’enlèvement du caporal Gilad Shalit qui ont poussé le gouvernement israélien à lancer son offensive sanguinaire contre les habitants de la Bande de Gaza; ce sont les bombardements quotidiens de l’artillerie israélienne et les dizaines de morts palestiniens, dont une majorité de civils et de nombreux enfants, qui ont pousse ces militants palestiniens à rompre la trêve déclarée par les principales organisations palestiniennes et scrupuleusement respectée par ces dernières depuis plus d’un an.

La libération du soldat Gilad Shalit est le dernier des soucis de ces mêmes autorités israéliennes, et même le plus stupide des ministres sait parfaitement que les attaques militaires mettent sa vie en danger et risquent sans doute de provoquer son assassinat par ses ravisseurs. La seule chose qui importe aux généraux israéliens et aux marionnettes qui les représentent au gouvernement, c’est de « leur apprendre » ce que cela coûte de s’attaquer à Israël. « Leur apprendre » est le concept le plus utilisé dans les déclarations officielles des dirigeants civils et militaires, dans le plus banal des langages coloniaux. Pour ce faire, tous les moyens sont bons, et aucune retenue, convention internationale ou lois de la guerre ne sont de mise.

La Suisse vient de le rappeler – l’opération en cours à Gaza est faite de crimes de guerre et de violations systématiques et généralisées de toutes les règles du droit international. D’abord, parce qu’il s’agit d’une punition collective : c’est la population de Gaza toute entière qui doit « apprendre » à bien se conduire, même si celle-ci, n’a évidemment rien à voir avec la capture d’un prisonnier de guerre israélien. Ensuite parce qu’il s’agit d’un véritable massacre, le nombre de victimes civiles « collatérales » étant disproportionné avec le nombre de victimes « ciblées ».

Aux côtés de la prise de position helvétique, le silence de l’Union européenne est éloquent, et sert de contrepoint au soutien déclaré de l’administration américaine à l’agression israélienne. Ce soutien participe de la stratégie du Clash des Civilisations prônée par une partie de l’entourage de Georges W Bush : ce n’est pas le soldat otage qui doit être sauvé, ce n’est pas non plus le commando responsable de son enlèvement qui doit être puni ; ce n’est même pas le parti Hamas ou le gouvernement qu’il dirige qui doivent être sanctionne, mais le peuple palestinien lui-même, peuple voyou appartenant à une civilisation dont le terrorisme est une des caractéristiques.

Ce matin, un ancien des renseignements israéliens expliquait longuement à la radio que le problème israélo-arabe est avant tout un problème culturel : alors que « pour eux » la vie humaine n’avait pas de valeur intrinsèque, pour nous, chaque individu compte. En conséquence, aucun terrain d’entente ne pourra jamais être trouve entre membres de deux civilisations aux valeurs antagoniques, et la guerre est donc permanente.

A entendre ce personnage, qui reflète une opinion largement partagée par la classe politico-militaire israélienne, on ne comprend pas à quoi sert de vouloir « leur apprendre » quoi que ce soit : culturellement, les Arabes, et plus généralement la civilisations musulmane est hermétiquement fermée au respect de la vie humaine, et les innombrables victimes des bombardements à Gaza ou au Liban ne changeront pas leur orientation.

Tant que les parrains américains d’Israël seront dans la stratégie du choc des civilisations et de la guerre globale et permanente, il ne faut pas s’attendre à un tournant de la politique israélienne, et la « guerre » - qu’il vaudrait mieux appeler pacification permanente – contre les Palestiniens, et plus généralement contre les Arabes – va suivre son cours. Avec son lot croissant de victimes, y compris israéliennes.

Ceci est à prendre en considération par le mouvement social international et plus particulièrement par le mouvement de solidarité : nous sommes tous confrontes non pas à un événement, aussi tragique et sanglant soit-il, mais à une guerre de longue durée. Cette réalité exige des stratégies à long terme et du souffle. Elle exige aussi d’agir dans une perspective globale. Face à la guerre globale de recolonisation du monde, la reconstruction d’un fort mouvement anti-guerre qui englobe la Palestine comme un de ses objectifs les plus emblématiques n’est plus un luxe qu’on peut repousser à plus tard, mais une urgence pour tous les habitants de notre planète.

VERS UN NOUVEAU CONSENSUS PALESTINIEN ?

Dans la mesure où on peut cerner des objectifs politiques dans le déchaînement de violence mise en œuvre dans la Bande de Gaza, la mise en échec de l’accord Hamas-Fatah est l’un d’entre eux. Pendant plusieurs mois, le Premier Ministre palestinien Ismail Haniyeh du Hamas et Mahmud Abas, Président de l’Autorité Palestinienne et dirigeant du Fatah ont œuvré à la rédaction d’un document programmatique commun, basé sur ce que l’on appelle « le document des prisonniers ». Ce document, rédigé par les dirigeants des deux grandes formations politiques palestiniennes détenus dans les prisons israéliennes, définit le cadre d’un nouveau consensus politique palestinien basé sur la lutte pour un état palestinien, libre et indépendant, dans les territoires occupes en juin 1967, ce qui implicitement signifie la reconnaissance de l’Etat d’Israël dans ses frontières du 4 juin 1967.

Pour les autorités de Tel Aviv, un tel document ne devait en aucun cas voir le jour, car il enlevait le prétexte de la non-reconnaissance du gouvernement palestinien et de la guerre permanente contre ceux qui ont osé élire une majorité Hamas au parlement palestinien.

L’attaque spectaculaire contre Gaza a mis fin aux négociations entre Abas et Haniyeh, alors que les journaux annonçaient un accord… pour le lendemain. Cette même attaque pourrait cependant permettre un autre consensus inter palestinien : celui d’une résistance unie contre la guerre israélienne, sans illusion sur une éventuelle volonté de négocier de la part de Tel Aviv, soi-disant en échange de nouveaux compromis palestiniens.

C’est en tout cas vers un tel nouveau consensus inter palestinien qu’œuvrent les organisations de la gauche palestinienne qui, depuis un certain temps déjà, servent d’intermédiaire entre le gouvernement et la présidence, et surtout entre les partis dont ils sont issus.

RESISTANCE

Quand on compare les événements de ces dernières semaines –les attaques sauvages contre Gaza, d’abord, puis contre le Liban, à des événements similaires des décennies précédentes – la répression brutale de la première Intifada (1988-1990) et l’invasion du Liban (1982), on remarque immédiatement trois différences majeures : l’absence totale de retenue de la part des forces armées israéliennes comparée ; l’absence de pressions internationales, voire de l’éventualité d’une telle pression, et l’absence d’un mouvement de masse en Israël qui remette en question la brutalité des opérations militaires.

Ces trois éléments sont en fait liés les uns aux autres : la « retenue » (certes, toute relative) des forces armées israéliennes résultait de l’existence de règles internationales avec lesquelles Israël se devait de ne pas trop se démarquer, à cause du double risque de pressions internationales et d’opposition internes. Quant au mouvement anti-guerre de masse il était, entre autre, le résultat d’une pression internationale ou, du moins, du sentiment d’être en rupture avec les règles de la guerre et les intérêts de la diplomatie internationale.

Avec la disparition de l’Union Soviétique et l’émergence des Etats Unis comme puissance internationale unique, nous sommes entrés dans une phase de dérégulation du droit international et des modes de comportement des Etats, telles que définis à la suite de la victoire sur le fascisme (Conventions de Genève, Chartre des Nations Unies, résolutions diverses de l’ONU). A la place se sont imposés la loi de la jungle et le droit du plus fort, l’unilatéralisme, et, sous prétexte de guerre permanente et préventive contre le terrorisme, le terrorisme d’état sans entrave.

Ces nouvelles valeurs ont été très rapidement intériorisées par l’immense majorité de la société israélienne qui se sent aux premières lignes de la guerre de civilisation contre le terrorisme, lui-même identifiée au monde musulman. C’est ce qui explique pourquoi le mouvement pacifiste de masse a disparu.

La Paix Maintenant, qui avait su mobiliser des centaines de milliers d’Israéliennes et d’Israéliens contre la répression dans les territoires occupes et contre la guerre au Liban, n’existe plus. Depuis 2000, pas une seule manifestation de masse, si ce n’est pour soutenir les « initiatives de paix »… d’Ariel Sharon, et aujourd’hui, alors que Gaza est massacrée et le Liban martyrise, pas une voix ne s’élève dans la gauche sioniste, pour dénoncer ces crimes et exiger d’y mettre fin immédiatement.

Seules les diverses organisations du mouvement anti-colonialiste protestent, avec détermination et courage, et font entendre, à contre-courant la voix du droit et du respect de la vie.

La Coalition des Femmes pour une Paix Juste, les diverses organisations de réservistes et d’appelés qui refusent de servir l’occupation, les Anarchistes contre le Mur, le mouvement Ta’ayush, le Centre d’Information Alternative, les Rabbins pour les Droits d l’Homme ont, ces dernières semaines, redoublé leurs efforts et leur mobilisation : rassemblements, manifestations, fermeture de rues centrales à Tel Aviv, campagne de graffitis etc.

Aussi honorable soit-elle, cette mobilisation des forces dites radicales n’est en rien comparable à celles de 1982 ou de 1988, non pas par leur nombre (elles sont en fait plus grandes que celles des décennies précédentes) mais parce que leur efficacité provenait précisément de la capacité d’être un catalyseur pour les forces plus modérées et beaucoup plus massives du mouvement pacifiste israélien. Aujourd’hui, malheureusement, pour utiliser une image du journaliste militant Uri Avneri, la grande roue que représentait la Paix Maintenant n’existe pas et notre petite roue, qui avait pour fonction de faire bouger la plus grande, tourne à vide.

S’il faut saluer le courage et la détermination des quelques milliers de militantes et de militants qui dénoncent aujourd’hui l’agression israélienne, on ne peut pas ne pas reconnaître que, du point de vue du front interne, le gouvernement Olmert-Peretz-Peres a les mains libres pour poursuivre ses méfaits.

Michel Warschawski

AIC

jeudi, juillet 13, 2006

Spinoza face au mal


« Folio plus Philosophie » nous permet d’approcher la pensée de Spinoza, de manière originale et très intéressante.
Effectivement dernièrement un livre sur la correspondance de Spinoza avec un certain Blyenbergh a été publié. Mais ce petit livre contient aussi un dossier (de Meriam Korichi) sur cette correspondance et plus largement sur la philosophie de Baruch Spinoza. On peut aussi trouver à l’intérieure une analyse en rapport avec le texte d’une œuvre d’art, dans ce cas c’est un tableau de Titien : « Tarquin et Lucrèce » peint en 1571.

La correspondance que Spinoza a avec ce Blyenbergh est à l’origine une demande de précisions sur « les principes de la philosophie de Descartes » publiés en 1663 par le philosophe.

Le Dialogue devient vite une confrontation entre deux pensées, deux manières de voir totalement divergentes.
D’un coté nous avons un Blyenbergh qui cherche la vérité, sans pour autant vouloir se détacher de ses croyances, ils se présentent d’ailleurs comme « philosophe chrétien » . Il ne peut donc pas accepter ce qu’impliquent des concepts qui sortent du carcan des écritures théologiques. Et donc il se retrouve pris au dépourvu devant les raisonnements révolutionnaires de Spinoza.

Le point problématique entre tous, et la vision que les deux personnes ont du mal et de la corrélation entre la volonté humaine et Dieu.

Blyenbergh reste dans une vision purement judéo-chrétienne. Le « mal » est donc du à la volonté exclusive de l’homme, en dehors de la volonté de Dieu, c’est l’idée du « libre-arbitre » créé entre autre par un des pères de l’église comme Saint-Augustin, pour donner une explication du "mal" dans un monde créé par un être suprême "bon".
« L’affirmation de la liberté de la volonté humaine permet d’innocenter [Dieu] et de rendre compte de la cause du mal »

Alors que Spinoza a une approche totalement nouvelle, pour lui le mal n’est pas une chose concrète, le mal n’est pas une « essence ». Ce n’est qu’un relativisme qui découle de la vision qu’un homme peut avoir d’actes isolés dans un ensemble. Cela dépend de facteur totalement déterminé par l’« essence » de l’être et par sa bulle sociale.
Spinoza écrit dans l’Ethique, à la proposition 64 de la quatrième partie : « La connaissance du mal est une connaissance inadéquate », « de la suit que, si l’esprit humain n’avait que des idées adéquates, il ne formerait aucune notion du mal ».

Cela remet totalement en cause, les concepts moraux de l’époque, ce qui a pour effet de déstabiliser son interlocuteur, qui n’arrive pas à ce détacher de l’aspect de foi pour suivre celui du raisonnement. Il ne peut pas se détacher de la théologie (la foi) pour rentrer dans la philosophie (la raison).

Ce n’est pas pour autant que Spinoza laisse un vide, après avoir écarter l’ancienne vision morale. Il discerne bien une différence entre un être « juste » et un « méchant ». Les uns ont juste réussi à s’approcher de la lumière, ils sont moins ignorants et sont porteurs d’une vrai éthique et non pas d’une morale, corpus liberticide composé d’interdit et d’ascétisme.

Il l ‘écrit lui-même « […] les œuvres des gens de bien (c’est à dire ceux qui ont de Dieu une idée claire et règlent sur elle toutes leurs actions et toutes leurs pensées), celles des méchants ( c’est à dire ceux qui n’ont pas l’idée de Dieu, mais seulement les idées des choses terrestres et règlent sur elle leurs actes et leurs pensées) et enfin les œuvres de tous les êtres existants découlent nécessairement des lois éternelles et des décrets de Dieu […] »

On voit que Spinoza a une conception de Dieu tout à fait singulière, Dieu n’est pas juge mais créateur, les écritures ne sont que des commandements d’humains et donc aucunement de nature divine, dans le sens qu’ils ne sont que des interprétations imparfaites faites par l’homme pour commander les hommes.
On voit par-là l’effet régulateur et politique de la religion.

Même s’il n’était pas athée, Spinoza subit les foudres des institutions religieuses, il fut exclu de la synagogue et de la communauté juive en 1656 pour « hérésie »
On sent dans la pensée de Spinoza, la naissance d’un courant de pensée qui mettra l’homme et sa liberté devant Dieu et son ascétisme. Il est le précurseur du matérialisme, et des lumières.

vendredi, juillet 07, 2006

Le meilleur des mondes de Monsieur Sarkozy

"Si l'on garde le système actuel de nouvelles nuits de violence urbaines sont devant nous" Voilà les propos du ministre de l'intérieur, pour justifier son nouveau texte de loi liberticide et profondément dangereux sur la prévention de la délinquance.

Un texte qui serait fait de deux points dignes d'un état stalinien : Le rôle répressif des éducateurs et le dépistage précoce d'éventuel trouble du comportement chez l'enfant.

A quand la mise en prison des enfants de moins de 3 ans parce que les "psychologues" de la nouvelle droite l'auront désigné ainsi !

Cela fait depuis 2002 que monsieur Sarkozy a mis la répression comme seul moyen de vaincre la délinquance, en essayant, sans y parvenir, d'arrêter les troubles de l'ordre, sans pour autant s'intéresser au vrai mal. Il a montré l'incompétence à résoudre le problème de la violence endémique au moment ou la crise économique et sociale est de plus en plus forte. Mais il veut nous faire croire qu'en amplifiant les répressions cela résoudra le problème.

Monsieur Sarkozy a bien compris qu'une certaine partie de l'électorat aime la démagogie et la violence envers l'autre, qu'implique ce texte.

Encore une fois, il utilise un dirigisme qui est en total désaccord avec la liberté de l'individu.